Répondre à des questions dans un CE est différent de faire une présentation en CE.

Répondre suppose que le sujet est connu, que vous n'apportez pas de nouvelles informations a priori et que vous venez apporter des réponses aux questions des élus.

 

D'abord, rappelons l'essentiel :

Le CE existe pour évoquer la marche de l'entreprise ou de l'établissement ; il peut poser des questions d'ordre collectif et vous devez le consulter sur un certain nombre de sujets précisés par la loi.

Ce qui fait que l'exercice paraît difficile est que les relations sociales sont souvent vues comme un mal nécessaire par les managers. Ils en deviennent méfiants, ce qui génère en retour la méfiance des organisations syndicales, parfois à en devenir agressives.

La relation RH / CE c'est un peu le bon et le truand du film (Sergio Leone – 1966). De la méfiance, des coups bas, un peu de complicité parfois, des unions passagères quand la menace est trop forte (la Brute dans le film) mais finalement un objectif commun. Le problème c'est que, comme dans le film, chacun veut souvent trop gagner.

 

Enfin, n'oubliez pas que si la consultation du CE est souvent obligatoire mais que son avis ne s'impose pas à vous, il est toujours plus confortable d'être soutenu et a minima compris par vos partenaires.

 

Se préparer à répondre

Evidemment, un passage en CE se prépare, comme toute intervention.

Vous devez avoir les incontournables, en particulier les éléments du planning (fait et à faire, ainsi que quelques informations marquantes). Vous pouvez utiliser une matrice d'avancement.

Vous devez également préparer la question posée. Elle est parfois agressive ou vous paraîtra de mauvaise foi. Si tel est le cas, pensez à votre sociodynamique : la question est peut être posée par un opposant, mais elle ne tombe pas du ciel et peut aussi intéresser des hésitants et des alliés. Aussi, on analysera la question en crédit d'intention, c'est à dire en pensant qu'il y a dessous une inquiétude légitime.

Enfin, vous devez éviter de trop préparer. Vous utilisez du temps sans qu'il soit certain qu'il soit indispensable (pas très jeu de go) mais surtout vous allez vous mettre dans une situation de supériorité d'information qui vous poussera au bavardage et à l'avalanche de détails techniques au détriment de l'écoute et de la discussion.

Dans l'excellent Fantastic Mr. Fox (Wes Anderson –  2009), Fox échaffaude des plans compliqués pour voler poules et cidre, mais n'arrive finalement qu'à déchaîner la colère des fermiers et la méfiance de ses amis.

 

Répondre

Les élus n'aiment pas les réponses longues et à tiroir, trop politiques. On préférera les réponses courtes et précises, quitte à enchaîner sur 2 ou 3 questions qui intéresseront à coup sûr vos interlocuteurs. On choisira toujours la vérité qui ne se retournera pas contre vous plus tard. Si une information est confidentielle, dites-le. 

Dans l'attitude, n'oubliez pas que vous répondez certes à des individus mais surtout à des représentants du personnel. Alors d'accord, les questions ne sont pas toujours bien posées, le ton peut être agressif ou polémique, mais il n'en reste pas moins que que vous avez intérêt à répondre avec calme et crédit d'intention

  • Parce que la joute n'apporte rien (cf répondre à une objection)
  • Parce que la question même agressive dissimule souvent un sujet réel.
  • Parce que derrière vos représentants, il y a des gens qui attendent vos réponses.

Enfin, il ne faut pas se le cacher, dans de nombreuses organisations, les débats du CE sont plus de l'ordre du jeu et du duel que de la co-construction et de la confiance mutuelle. C'est dommage mais c'est ainsi.

Si vous êtes dans ce genre de contexte, inutile d'alimenter la machine avec une attitude fermée ou excessivement rationnelle. Soyez aimable et agréable, faite votre boulot calmement en pensant à ceux qui attendent vos réponses et tâchez de comprendre ce qui se cache derrière une question provocatrice.

Dans le tumulte des relations sociales, faites vôtre le flegme et les valeurs de Francis Blake (créé par Edgar P. Jacobs en 1946) : toujours calme, le héros anglais ne se fie qu'à ses valeurs et aux analyses qu'il partage avec son ami Mortimer.


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